Les désastreuses aventures des orphelins baudelaire

Les désastreuses aventures des orphelins baudelaire

En tant que fan incontestée des Orphelins Baudelaire, je me suis rendue hâtivement dans mon cinéma préféré, armée de mon bloc-notes, de mon fidèle stylo et d’un paquet de biscuit afin de vous ramener une critique du film sorti le 22 décembre : « Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire » (Bon d’accord c’est pas très facile de prendre des notes dans le noir…

Une introduction made in Lemony Snicket

Pour celles qui ont lu les romans, vous savez déjà que notre ami Lemony a l’habitude de commencer ses histoires bizarrement. Pour les autres, petit cours de rattrapage. En effet, Snicket a la manie de vouloir nous détourner de son livre, en général au moyen d’une quatrième de couverture lugubre. Cette fois, il s’agit d’un film, le début est donc différent : Nous, les gentils spectateurs, nous sommes bien calés dans notre siège a nous gaver de bonbons, quand le film semble commencer. Je dis bien semble, car ce qui apparaît à l’écran est plutôt surprenant… et oui. Nous qui nous attendions à une introduction sombre, narrant directement les aventures des Orphelins, nous avons bien été étonnés par l’apparition soudaine d’un petit elfe violet gentillet, voletant gaiement avec ses amis de la forêt, le tout accompagné d’une chanson enfantine, si pitoyable que j’avais envie de me taper la tête contre les murs… Mais [mal]heureusement, ceci s’arrête vite pour laisser place à la voix navrée de Lemony Snicket, qui nous explique que ce n’était pas le film que nous devions voir. [non, c’est vrai ? :P] Il envoie les fans d’elfes et de chansons déplorables dans une autre salle, et garde ceux qui sont venu assister aux tragiques mésaventures des Baudelaire. (<= En lisant ces lignes, tu pourrais croire que ce romance cette partie mais Snicket a réellement dit cela !) L’auteur apparaît dans l’ombre, comme à son habitude, et tape le récit de l’histoire au fur et à mesure que le film passe. J’ai donc retrouvé, pour mon plus grand plaisir, une introduction sinistre et désireuse de nous détourner du film à souhait, comme je les aime. C’est elle qui donne aux gens l’envie de rester…

Les grands plus…

Tout d’abord, les acteurs. Emily Browning, Liam Aiken ainsi que Kara et Shelby Hoffman –respectivement Violette, Klaus et Prunille Baudelaire- ont fait preuve d’un professionnalisme impressionnant. Leur jeu est tout simplement génial. D’accord, je ne suis pas une experte, mais pour un rôle aussi important que celui-ci, joué par des enfants, je m’attendais à pire, bien pire, mais ils sont étonnants et très doués, vraiment. Ensuite je tiens à faire un big-up à Jim Carrey, qui a franchement bien joué [comme à son habitude]. Toujours avec ses mimiques et gestes en tout genre, il a réussi à faire rire bien des fois la salle, même s’il s’éloignait parfois un peu trop du personnage original d’Olaf. Par contre, pour les déguisements de Stephano et de Sham, Carrey était l’idéal. Bravo !

Les décors

Le manoir détruit des Baudelaire, l’antre d’Olaf, la maison de la Juge Abbot, de l’oncle Monty et la bicoque branlante d’Agrippine au-dessus du lac Chaudelarmes sont plus que crédibles. C’est simple, on s’y croirait. L’ambiance est tellement prenante et pleine de mystère qu’on est aspiré dans le film où ces décors nous semblent plus que réalistes.

L’imagination du scénariste

D’accord, dans les romans, tous les faits, sentiments etc. étaient déjà écrits mais pour le film, le scénariste a forcément dû concevoir des jeux de scène pour exprimer les émotions des personnages, l’action, etc. pour que le film semble plus humain, plus vivant. Et franchement, là-dessus, je dis « chapeau » car tous les déplacements, regards, gestes lient plus que parfaitement chaque nouvelle scène, si bien qu’on ne s’ennuie pas et qu’on trouve toujours un petit détail à souligner sur le moment. =) Une petite anecdote : Klaus et son savoir. Si si, tu sais, quand le danger est imminent, Klaus recherche toujours quels livres il a lu pour pouvoir sauver ses sœurs. Dans le roman original, ces passages me semblaient toujours un peu fades puisque Snicket nous décrivaient le jeune homme en grande réflexion quand à ce qu’il savait sur le sujet.. Mais dans le film, une très bonne technique pour nous faire comprendre qu’il a lu un tas de bouquins sur le sujet. En bref, nous apercevons un rayon de bibliothèque et soudain un livre sort de la rangée, portant un titre qui rappelle le sujet traité. Intelligent comme méthode, je dois l’admettre ! ;-)

Le rajout d’un personnage

En temps normal, ce n’est jamais très bon d’ajouter un individu non présent dans l’histoire originale, mais là… j’avoue que c’était une très bonne idée. Un rôle de policier à été attribué à Cedric the Entertaineur. Il revient régulièrement accompagné de Mr Poe. Je ne peux pas m’empêcher de vous mettre une de ses répliques, car elle met en avant la « coolitude » du policier noir (avec son accent =) ): Mr Poe et le policier arrive, surprenant le Comte Olaf avec les enfants. Poe : « Mais que diable faites-vous donc ici, Olaf ? » Le policier : (arrêtant Mr Poe) « Poe, s’il vous plaît… Mais que diable fais-tu donc ici, man ? » Mol.

La touche « émotion » de la fin

Attention, si tu n’es pas allée voir le film et que tu ne souhaites pas connaître la fin, ne lis pas les lignes qui suivent !

Je t’ai prévenue ! Trop tard, tant pis pour toi… Je voulais dire à ce propos que la fin, donc le retour dans la demeure Baudelaire, était très émouvante. Si si. Ca a suffit à me donner des frissons dans le dos, alors, hein ! Surtout quand les enfants revoient la maison telle qu’elle était avant. Snif. Je ne dévoilerai pas ce qui suit [très inattendu], de peur d’enlever le suspense aux curieuses. D’abord. Tu l’auras compris, beaucoup de plus qui te pousseront à te précipiter dans les salles obscures…et les petits moins ?

Le désordre de l’histoire

Nous y voilà, ce que j’ai le moins aimé dans le film : la confusion de l’histoire. Je dis ça car je suis une adepte des bouquins, mais sinon pour un non lecteur, cela reste tout a fait plausible. Pour ma part de vieille radoteuse, je vous informe que l’épisode du mariage [normalement à la fin du premier livre] se trouve à la fin [laisse moi finir avant de râler] mais du film ! Les trois livres se suivent correctement mais le grand final se trouve dans la pièce de théâtre d’Olaf, ce qui a complètement déréglé la logique de mes pauvres neurones qui attendaient la fin du 3eme roman. Enfin bon, je ne chipoterai pas là- dessus. Mais quand même.

Les rajouts volontaires

Il y a une chose que je n’ai pas non plus supporté, c’est le rajout d’un mystère dans l’histoire et la révélation d’un autre. En effet, nous nous doutons bien qui à allumé l’incendie mais rien n’est encore prouvé jusque là dans les livres, et soudain, oh ! tout s’éclaire, nous savons dès la fin du 1er film qui a causé cet horrible malheur. Un peu brutal, ça résout l’énigme d’un coup, sans qu’on ait eu le temps de fonder nos soupçons. Dommage. Cependant, un grand secret a été rajouté, celui qui lie entre eux tous les tuteurs des enfants. Dans les livres, l’existence de ce lien est mise en évidence à partir des tous derniers tomes, alors que là on le révèle presque immédiatement. Cela pourrait répondre à certaines questions des lecteurs de Snicket sur l’origine de cette alliance, mais la question est : « Ce mystère est-il complètement inventé pour le film ou tiré de l’histoire originale ? » Reste à savoir.

Un Olaf plus intelligent qu’il n’y paraît

C’est avec un petit détail que je vais écrire ce paragraphe. [Encore une fois, pour celles qui ne souhaitent pas savoir la fin, ne continuez pas !] Vers la fin de l’histoire, Violette est condamnée à signer un acte de mariage. Dans le livre original, elle se sort de se mauvais pas en annulant le mariage. Comment ? Simplement en signant de la main gauche, alors qu’elle est droitière, ce qui fausse tout. Tandis que dans le film, la jeune fille [aussi intelligente] essaye de faire pareil en se préparant à sceller l’acte d’union de sa main gauche. Mais Olaf le remarque et lui ordonne de changer de main. Mince alors, il faudra trouver une autre moyen de se sortir de là. Alors, simple éclair de génie de la part d’Olaf où volontaire changement de programme par les scénaristes ? Voici donc les petits moins qui feront perdre le sourire aux adeptes des romans, mais qui passeront sans doute sans problème pour les non lecteurs.

Notés aux abonnés absents

Pendant le film, j’ai remarqué que 3 éléments ont été ‘oubliés’, et pourtant ils sont essentiels pour la suite de l’histoire…

Le mouchoir blanc de Mr Poe

Je te vois déjà rire. « Mouchoir ou pas, pff, qu’est ce que ça peut changer ? » Détrompe toi, ça change tout. En effet, Mr Poe a pour habitude de ne jamais se soucier assez des enfants pour remarquer le danger permanent qui les menace… il est bien trop occupé à tousser dans son mouchoir blanc. Toujours pas convaincue ? Si tu as vu le film, tu as certainement remarqué qu’à chaque fois qu’Olaf était prêt à gagner, Poe arrivait et lui enlevait les enfants. Contrairement au roman, il voyait ce qui se tramait et n’avait pas le nez ailleurs. Ce changement dérange l’histoire, car cela ôte le mérite aux orphelins de se débarrasser d’Olaf. Tu la vois maintenant, l’utilité du mouchoir ?

Les lunettes de Klaus

Pour toi qui n’a pas lu, je t’offre un scoop : « Et oui, Klaus Baudelaire porte des lunettes.» Et re-belote, tu te demandes encore à quoi elles peuvent bien servir dans le film. Au cas où tu ne le saurais pas, les lunettes sont généralement l’outil des grands lecteurs, et comme par hasard, Klaus en est un. Mais ces fameuses lunettes ne sont pas sur son nez, et c’est une erreur de la part de la réalisation de les avoir enlevées puisque dans le 4eme tome [et donc forcément pour la suite du film] celles-ci sont irremplaçables. Elles ont pour destin de se fracasser par deux fois, de mener Klaus chez l’ophtalmo dont la secrétaire se révèle être le Comte Olaf. Important donc.

Béatrice

Béatrice est le grand amour de Lemony Snicket, ayant eu un destin funeste. C’est vraiment dingue de ne pas l’avoir intégrée au film, car elle représente un élément majeur pour l’auteur : il écrit presque pour elle. Dans les livres, beaucoup d’allusions lui sont faites et une tonne de théories circulent à son sujet. Je pensais, en voyant Snicket narrer l’histoire, que les scénaristes allaient introduire des insinuations à son propos, mais non. Pas la moindre, et c’est très regrettable, puisqu’elle est un des plus grands mystères de la série des Orphelins Baudelaire, c’est à se demander si elle n’a pas fait partie de cette histoire. Dommage.

Mon avis

J’ai trouvé le film conforme aux livres, exceptés les petits détails cités ci-dessus. A part ça, on ne s’ennuie vraiment pas : l’action est permanente, le rire vient s’immiscer dans la tragédie, le jeu des acteurs est magnifique.Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire est un film admirable, plein d’originalité, qui appelle à une suite qui promet d’être grandiose… Bref, je vous le conseille à toutes, j’ai passé un très bon moment plein d’émotions diverses, et même si l’ambiance est très sinistre, on ne peut pas s’empêcher de se dire : J’y retournerai bien ! C’est d’ailleurs ce que je vais faire. Alors, précipite-toi dans ton cinéma pour savourer cette perle d’un croisement entre la littérature et le 7ème art. Bon film !

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