Uh Huh Her, septième album de PJ Harvey

PJ Harvey

La fin de l’année 2004 est une bonne occasion pour parler de ce qui a été l’un des évènements musicaux les plus importants de l’année – enfin, tout dépend du point sur lequel on se place, c’est vrai. Il s’agit du retour de PJ Harvey qui a sorti, en juin, son septième album. On peut dire qu’il s’est fait désirer étant donné que son précédent disque, Stories from the City, Stories from the Sea était sorti quatre ans avant. Bon, en même temps, c’est peut-être un temps tout à fait nécessaire pour produire un bon album. Tous ces précédents disques avaient pourtant été espacés de seulement un à deux ans en général, mais la qualité n’a jamais manqué d’être au rendez-vous. Sauf peut-être pour l’avant-dernier, Stories… donc, en lequel la majorité des gens avait vu un album plus pop, plus accessible que les autres ; trop, disent-ils. Ce qui a déplu. Autant dire que le suspense autour de Uh Huh Her, justement le nouvel album, était grand. D’autant plus qu’on a pu lire dans nombre de critiques que la demoiselle procédait dans sa dernière production à un retour à ces anciennes amours, à savoir les sonorités sombres et rageuses, de Dry et de Rid of Me notamment, ses deux premiers disques. C’est donc plein d’espoir que l’on se jette, les oreilles grandes ouvertes, dans notre première écoute de ce septième album.

On commence avec The Life and Death of Mr Badmouth. Or, on se dit plutôt en l’écoutant que c’est raté pour ce retour aux sonorités des débuts de notre chère Polly Jean ! Certes, on sent que la volonté est là, tant par la voix de la chanteuse, qui semble mettre une grande rage dans ses cris, que dans les guitares qui se font assez bruyantes… Mais non, raté ! C’est notre faute, on n’avait qu’à pas lire ces critiques. Ce morceau reste malgré tout un bon morceau, qui donne plutôt envie de remuer, et c’est toujours bon à prendre, on ne va pas rechigner là-dessus.

Suit Shame, et puis là… Bon, il n’est clairement plus question du passé musical de la chanteuse. Dès le premier son qu’elle nous offre de sa voix, qui tire plutôt vers les aigus, on comprend bien qu’on est aux antipodes de ce qu’on nous avait promis. Juste une petite ballade, appelons ce morceau comme ça. Ballade d’ailleurs plutôt insipide et sans grand intérêt.

Les choses se redressent un peu avec Who the Fuck ? qui sonne comme la première chanson. La rage et les guitares sont là et on bouge, on aime ça, sans pour autant être subjugué.

Pocket Knife est par contre dans la lignée du deuxième morceau : voix aiguë, petites clochettes… Bon, passons à la suite !

La chanteuse a choisi The Letter pour être le premier single extrait de son album et on peut dire qu’elle n’a pas eu tort. C’est un bon morceau, sympathique tout comme l’étaient le premier et le troisième, sans pourtant cette pseudo rage qui les caractérisaient plus ou moins. On retrouve à l’écoute la même volonté de remuer, et on ne peut qu’apprécier les paroles qui transforment une correspondance en acte érotique, ou du moins fortement sensuel.

Avec The Slow Drug, on va finir par se demander si PJ Harvey n’a pas choisi d’organiser Uh Huh Her en fonction d’une alternance entre chansons qui bougent et qu’on aime bien et chansons douces plutôt insipides. Celle-ci fait partie de la seconde catégorie, mis à part le fait que sa voix est ici plus posée, plus grave, et qu’on ne peut qu’apprécier ce détail.

No Child of Mine nous prouve qu’on a eu tort quant à la supposée organisation du disque. A nouveau une petite ballade, heureusement seulement d’à peine plus d’une minute. La durée du morceau nous fait pourtant encore plus penser qu’il est sans intérêt.

Cat on the Wall replace la barre un peu plus haut. De jolies paroles sur une chanson qui passe à la radio et un amour pas très explicité, le tout sur une mélodie qui nous fait remuer notre popotin. Mais rien à voir avec ce dont on nous parlait, se seraient-ils moqués de nous ?

Bon, après, on va faire vite : You Come Through aurait pu être insipide mais ne l’est pas grâce à une certaine pointe de mélancolie qui montre le bout de son nez. Plutôt à classer du côté des morceaux réussi. Il en va de même pour It’s You en cela que la mélodie est assez agréable et que la voix de la chanteuse n’est pas totalement dénuée d’émotion. The End : une minute et vingt-deux secondes, un peu de musique, pas grand chose, merci bien, la suite s’il vous plaît.

The Desperate Kingdom of Love reprend un peu l’esprit de la neuvième chanson, mais est encore plus réussie. La mélancolie est ici bien plus palpable, la mélodie se fait douce, de même que la voix de PJ, le tout pour parler d’amour, et cela de façon assez triste, comme nous le montre le titre. Joli morceau, réussi.

Suit un morceau sans nom, même pas inscrit au dos de la pochette. Mais qu’est-ce qui se passe, j’entends rien ? Ah si, des mouettes. Merci, mais bon, c’est PJ Harvey que je veux, moi.

Le tout se termine sur The Darker Days of Me & Him qui, dans la lancée de You Come Through et de The Desperate Kingdom of Love reprend une tonalité mélancolique. De belles paroles, là aussi, pour un morceau réussi.

Bon, ça ne semble pas faire un bilan très folichon, tout ça. Huit morceaux assez réussis, tous à des degrés inégaux et de façons différentes (The Life & Death of Mr Badmouth, Who the Fuck ?, The Letter, Cat on the Wall, You Come Through, It’s You, The Desperate Kingdom of Love, et The Darker Days of Me & Him.), et le reste – soit six morceaux – assez inutiles et sans intérêt. Le bilan à en faire serait donc de dire que l’album n’est pas mauvais, mais qu’il n’est pas bon non plus. Quand on voit ce qu’a fait PJ Harvey par le passé, on sait qu’elle est capable de choses fantastiques. (Si, j’vous jure. Allez écouter Dress, Ecstasy, The Dancer, et revenez voir par ici ! Et encore, ce ne sont que des exemples parmi plein d’autres superbes chansons). Alors, on se demande pourquoi elle n’en fait pas d’aussi bonnes ici.

Uh Huh Her n’a absolument rien à voir avec ses albums d’il y a plus de dix ans, aucun doute là-dessus. Dommage que les critiques nous aient fait de faux espoirs quant à sa qualité, on l’aurait peut-être jugé moins durement. Toujours est-il qu’un album de la demoiselle, plutôt une femme d’ailleurs, reste un événement à côté duquel on a du mal à passer si c’est le genre de musique qui nous intéresse. Pas un album intemporel, mais un album sympathique à écouter de temps à autres… seulement de temps à autres.

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