XO, album d’Elliott Smith

Elliott Smith

Parfois, on se retrouve avec un album entre les mains sans trop savoir à quoi s’attendre. On le met en route, et on l’écoute simplement d’une oreille, sans trop y accorder d’importance. Et pourtant ! Parfois, certains de ces albums qui auraient pu n’être que sympathiques ou agréables deviennent bien plus. On s’en aperçoit dès la première écoute. Alors que notre tête est ailleurs, les sons pénètrent dans nos oreilles et inconsciemment, on y prend déjà du plaisir. Quarante-cinq minutes plus tard, la musique s’arrête, et on se retrouve à relancer le disque. Parce que ça y est, on a compris que non, celui-ci n’est pas un album comme les autres, un album qui ferait office de fond sonore et qu’on pourrait sortir de temps à autres au gré de nos envies. Hé oui. Il y a des disques comme ça, qui ont une puissance particulière, quelque chose de très difficile à décrire. Des disques qui prennent aux tripes en douceur, dirons-nous. Voilà c’est ça, cet album. Même quand les mélodies semblent gaies, on sent la mélancolie, on ne peut plus forte à travers la chanson dans sa totalité. Les quatorze chansons défilent dans nos oreilles et on se sent presque protégés du reste, presque un peu plus forts que ceux qui n’entendent pas la voix d’Elliott Smith. La musique nous accompagne et tout le reste semble dérisoire. On oublie un peu plus à chaque fois à quelle point XO est puissant. Mais il suffit d’une seule seconde de n’importe laquelle de ces chansons pour que l’on se retrouve à nouveau pétrifié, comme à chaque écoute, pour qu’on se souvienne à quel point c’est bon, fantastique, superbe, mais comment est-ce qu’on peut se passer de ce disque ? La tristesse est palpable à tout moment. D’ailleurs l’admirable artiste a mis fin à ses jours fin 2003. On ressent presque tout ce qui a pu le faire souffrir avec lui, en écoutant cet album. Bien sûr, il y en a d’autres, et le dernier, posthume, vient de sortir – From a Basement on the Hill – mais pas besoin de les connaître pour savourer celui-là. Quelle force dans ces chansons, quelle force ! Du côté des mélodies, il y a celles qui remuent un peu (par exemple Baby Britain, Amity, ou Bled White), celles qui sont définitivement teintées de mélancolie (telles Waltz #1, Waltz #2, ou encore Pitseleh), mais résumer ces chansons en de simples mots est terriblement dur. Elles ne sont pas comme les autres, elles envoûtent complètement celui qui les écoute. Il y a toutes ces jolies phrases qui nous bercent avec la musique. Comme celles des chansons d’amour 'I wish I’d never seen your face' (Waltz #1), 'I’m never gonna know you but I’m gonna love you anyhow' (Waltz #2) ; celles qui parlent d’alcool (Baby Britain), de tant de choses… Et partout la même souffrance. Dans sa voix, dans ses mots, dans la musique, omniprésente. Avoir XO entre les mains, c’est une chance infinie : celle de se sentir compris lorsqu'on va mal, celle d’avoir un peu de douceur à tout moment, de trouver du réconfort pendant quarante-cinq minutes. Tant de plaisir et rien qu’un homme, rien qu’un album. Il faut vraiment l’avoir, faire l’expérience de XO. Sans ça,

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